Qu’est-ce qu’une urgence médicale ?

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Evolution

AmbulanceImportante notion que celle de l’urgence médicale qu’il n’est pas toujours simple de définir. Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) tente de répondre à cette question dans son Bulletin du mois de juillet 2008.

Selon le docteur André Deseur, conseiller national, délégué général à la communication, président de la commission nationale garde et urgence du CNOM, « Dans la tradition française, l’urgence se définit par la mise en danger à brève échéance – l’heure ou la demi-journée – de l’intégrité physique, voire de la vie d’une personne. Dans d’autres pays, notamment en Amérique du Nord, on lui accorde un périmètre beaucoup plus large, puisqu’on l’étend à tout ce qui est ressenti comme une urgence par le patient ». Malheureusement pour les services d’urgence, les Français commencent à s’identifier aux Américains et à prendre les centres 15 pour un secrétariat spécialisé susceptible de répondre à tous les maux grâce au recours au médecin de garde.

Or, en cette période d’économies de santé, il conviendrait d’expliquer aux patients que la médecine d’urgence a un coût bien plus élevé que celui de la médecine « classique ». Il est aussi important de faire comprendre à la population que mobiliser une équipe du SAMU ou du SMUR pour un problème bénin, en ayant volontairement brossé un tableau dramatique d’une situation sans réelle gravité, peut coûter la vie à une personne réellement en danger. Mais comment raisonner des gens qui appellent les pompiers dans le seul but d’être transportés gratuitement à l’hôpital ?

Il conviendrait aussi de faire cesser les dissensions au sein des services de secours. Praticiens du SAMU, de SOS médecins, généralistes, pompiers ne parlent pas d’une seule voix. Philosophie, objectifs et moyens diffèrent.

Résultat, des voix s’élèvent pour que ce ne soit plus des médecins que l’on envoie en première intention, mais des infirmiers spécialisés. C’est le système américain, avec ses Paramedics. Situation paradoxale lorsque l’on sait que les SAMU ont été contraints de par la loi, il y a une quinzaine d’années, de ne faire appel qu’à des médecins thèsés pour assurer leurs interventions, alors même que certains centres avaient recours à des externes et des internes en médecine, spécialement formés, qui réussissaient à remplir ces tâches avec sérieux, aux côtés de pompiers professionnels…

Tags :, , , , ,

Trackback depuis votre site.


Commentaires (4)

  • Elo

    |

    C’est bien gentil de dire qu’il ne faut pas déranger ou saturer les services d’urgence… et sur ce point je suis d’accord avec vous!
    Mais qu’est ce qu’on propose au patient qui se sent mal à la place des urgences???
    En ce qui me concerne dans notre secteur nous avions avant accès par le biais de la presse régionale au nom du médecin de garde pour le week-end.
    Depuis quelques années c’est terminé! Si l’on ne peut plus appeler le médecin de garde il ne faut pas s’étonner que les urgences soient saturées….!
    Ensuite il faudrait me donner la définition du problème bénin? Un violent mal de ventre ou de tête c’est bénin ou non? Beh oui nous simples patients ne savons pas si le violent mal de tête n’est qu’une « simple migraine » ou le début d’une méningite?
    Les médecins font parfois des erreurs de diagnostic alors je vois pas comment le patient lui peut savoir de quel mal il est atteint?
    Ensuite entendre le mot « économies de santé » ça me fait doucement sourire…
    S’il ya bien un domaine ou on ne doit pas parler d’économies c’est bien celui de la santé!
    Et je parle en connaissance de cause : malade depuis + de 15mois et sans diagnostic à ce jour (j’ai commencé par être atteinte de douleurs articulaires puis de douleurs abdominales) on ne m’a jamais proposé d’effectuer un bilan complet!
    Je suis allée voir un interniste qui m’a dit « on verra les symptomes au fil du temps », s’il ya quelque chose qui n’est pas admissible c’est l’attente…
    Il ya des gens qui n’ont pas pu guérir d’un cancer ou autre maladie parce que faute de considération et d’être pris au sérieux par le monde médical le diagnostic est tombé trop tard!!!!
    Je pense qu’en France seul le malade à l’article de la mort ou qui l’a frolé de justesse est pris véritablement en considération!!!!

    Répondre

  • Carabin

    |

    Le problème vient de la notion que chacun a de l’urgence… « Docteur, je souffre du gros orteil depuis une semaine et je vous appelle en urgence à 22 heures parce qu’il n’y a plus rien de bien à la télé » est une situation caricaturale, mais fréquente. Sans parler des gens qui téléphonent au Samu pour savoir ce qu’ils doivent faire parce que leur chien est malade ! Beaucoup prennent la médecine pour un self-service avec le fameux « j’y ai droit » et l’impression qu’on va tout leur donner et tout de suite… En plus, comme on leur donne l’impression de gratuité au lieu de les responsabiliser, tout les encourage à consommer.
    Dans le même temps, on met en place un système administratif d’économies de santé servant uniquement à sauver un modèle social et qui se préoccupe bien peu de la santé des individus.

    Les médecins subissent autant que les patients les coupes sombres dans les différents budgets. Bien plus que vous pouvez peut-être le croire, car leur formation ayant bien souvent oublié la clinique pour faire la part belle aux examens complémentaires, ils sont bien penauds quand ils doivent se débrouiller sans. Et les médecins sont aussi touchés à titre personnel par ces restrictions. Que dire du médecin qui perd un proche parce que les examens de contrôle après un cancer ont été espacés au nom des économies de santé et qu’une récidive n’a été diagnostiquée que tardivement ? Que dire à celui dont l’enfant meurt d’un choc anaphylactique à un excipient du médicament générique qui est soi-disant « tout pareil » et qui soignait si bien sa progéniture jusque-là ? Etc etc

    Les médecins font des erreurs : oui. On peut mourir à l’hôpital : oui. Doit-on pour autant faire un bilan complet à tous les patients qui ne comprennent pas ce qu’ils ont ? Non ! Un bilan se fait en fonction de la clinique. Même dans les séries télévisées, les médecins réfléchissent avant de demander un examen, c’est pour dire… Vous n’avez pas confiance en votre médecin : changez-en ! Même si cette liberté est de plus en plus menacée, nous avons encore la chance de l’avoir.

    Être à l’article de la mort n’est plus un gage de prise en charge. Des études montrent que les places en réanimation dépendent de l’âge du patient, même chose pour de nombreux soins dans le public. C’est une logique comptable qui prime maintenant dans de très nombreux hôpitaux, pas une logique de qualité. Il faut bien payer le personnel ! Les maladies font perdre bien moins d’électeurs que les décisions politiques courageuses 😉

    Répondre

  • Elo

    |

    Votre constat est encore + pessimiste que le mien, puisque vous dite qu’être à l’article de la mort n’est plus un gage de prise en charge… et vous avez sans doute raison!
    Il est regrettable que des logiques de rentabilité interviennent dans le domaine public!
    Mais on n’entend plus parler que de ça! Les maternités ferment parce qu’elles ne font plus assez d’accouchements, on est en train de mettre en place des écoles maternelles et primaires presque aussi grandes que des collèges pour réduire des couts jugés inutiles, au détriment de la qualité de service…
    Je ne demande pas encore à bénéficier d’1 bilan complet, mais j’aimerais que ce soient les médecins qui cherchent sérieusement à savoir quelle maladie j’ai, plutôt que ce soit moi qui recherche des infos sur internet!
    C’est moi qui ai demandé le dépistage de l’hémochromatose en ayant découvert cette maladie sur divers sites alors que plusieurs de mes symptomes amènent à inclure cette maladie comme une « piste sérieuse »!
    D’ailleurs les médecins à qui j’en ai parlé (rhumato puis généraliste) ne m’ont pas ri au nez quand je leur ai demandé ce dépistage mais j’aimerais que ce soient eux qui me suggèrent telle ou telle analyse plutôt que moi!
    Si je n’avais pas internet je n’aurais jamais pensé à cette maladie comme une possibilité, les médecins n’y songeant pas non plus… on prend le risque de laisser se développer la maladie et de la diagnostiquer quand il est trop tard!
    Alors qu’1 dépistage précoce évite de lourds problèmes de santé et par conséquent fait faire des économies…!!!
    Je parle de mon cas, mais bien sûr je ne suis pas la seule…
    Changer de médecin? Non je suis blasée maintenant…
    J’ai un généraliste, un rhumato et j’ai vu un interniste une fois! J’avais mis beaucoup d’espoir dans le rendez vous avec l’interniste et je suis ressortie du CHU en sachant moins de choses que quand j’y suis entrée!
    Moi qui avait lu partout que l’interniste est le spécialiste des maladies sans diagnostic… c’est pour cela que je n’ai pas envie de voir un nouveau médecin, par peur d’espérer inutilement!
    D’ailleurs ça fait quinze jours que j’ai des douleurs abdominales (crampes, points de coté, moins d’appétit) et je ne suis allée ni aux urgences, ni voir mon généraliste!
    J’en suis arrivée à me demander s’il n’est pas plus sage de supporter sa douleur que d’aller voir un médecin qui va peut-être simplement me donner une boite de spasfon!
    Comme vous je trouve déplorable d’aller aux urgences pour un petit ennui de santé qui dure depuis 1semaine, quant à l’appel au 15 pour un chien, cela m’étonne : les vétrinaires étant souvent plus dispos pour leurs « patients » que nos médecins!

    Répondre

  • ambu-pourlesnuls

    |

    Je dépoussière les commentaires ^_^ Je viens de découvrir cet article criant de vérité et je ne peux que sourire devant de tel propos qui sont tout à fait d’actualité. Ambulancier privé, j’adore mon job et quand je vois les luttes corporatistes qui existent et pourrissent mon job au quotidien je rêve d’un monde parfait où chaque acteur puisse respecter l’autre au lieu de se snober.

    Quand je vois aussi lors d’interventions dite urgente (différentes notion d’urgence existent de la vitale à la « programmée ») des gens énervés pour x raisons et qu’au final (je ne suis pas médecin certes mais je suis censé être les yeux et les oreilles) la gravité est très relative voire inexistante (non je n’établis aucun diagnostic mais avec le temps on arrive un tant soit peu à être capable de juger d’une situation). Que cette intervention qui a demandé et monopolisé x personnes, x moyens et a coûté x euros je me dis que avant de râler beaucoup le monde devrait d’abord se responsabiliser un peu et éviter le recours systématique aux numéros d’urgences, à houspiller les services d’urgence pour de la bobologie qui ne nécéssiterait que trop souvent le recours à leur médecins traitant. Et ainsi permettre à tous les professionnels usés de se consacrer à des choses concrètes.

    Répondre


Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.