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Les excès des compléments alimentaires surveillés par l’Afssa

Écrit par Charles Duchemin le . Dans la rubrique Humeur

Et si le principal avantage des compléments alimentaires n’était que commercial ? De plus en plus de voix s’élèvent pour affirmer que leurs bénéfices pour la santé des patients sont loin d’être évidents et que ce qui peut sembler prévenir certaines maladies, pourrait en favoriser d’autres… Pourrait-on envisager un contentieux entre un fabricant et un patient, pour défaut d’information, au sujet d’un effet secondaire connu de l’un de ces produits ? Pourquoi pas.

Les aliments bio pas meilleurs pour la santé que les autres

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Evolution

Les aliments bio ne sont pas meilleurs pour la santé que les autresOn pourrait croire ce sujet éloigné du droit de la santé, ce serait sans compter les nombreux textes qui réglementent la production des aliments dits « bio », censés améliorer la qualité de ces produits afin de les rendre plus sains. Il n’est pas certain que la Food Standards Agency anglaise s’imaginait obtenir un tel résultat lorsqu’elle a décidé de financer une étude sur les produits alimentaires bio. C’est à l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene and Tropical Medicine, LSHTM) qu’elle a confié le soin de réaliser une analyse de la littérature scientifique des cinquante dernières années à ce sujet, publiée fin juillet 2009.

La Food Standards Agency est une agence gouvernementale britannique « indépendante » créée en 2000 afin de protéger la santé publique et les intérêts des consommateurs en matière d’alimentation. L’un des ses principes : « Tout ce que nous faisons reflète notre vision de la sécurité alimentaire et d’une alimentation saine pour tous ».

L’équipe de chercheurs de la LSHTM, dirigée par Alan Dangour, a passé en revue tous les articles publiés au cours des 50 dernières années ayant trait à la teneur en éléments nutritifs et aux bienfaits pour la santé entre les aliments biologiques et « conventionnels ». Cet examen systématique représente l’étude la plus complète dans ce domaine qui a été réalisée à ce jour. 50 000 articles ont été référencés, mais seuls 162 ont été jugés pertinents. Elle montre qu’il y a peu, le cas échéant, de différences nutritionnelles entre les aliments biologiques et les autres. Pour les auteurs de l’étude, il n’y a même aucun bénéfice pour la santé à consommer des produits alimentaires bio.
Pour Gill Fine, directeur de la FSA, le but de cette étude est de s’assurer que les informations données aux consommateurs sont fiables afin que ces derniers puissent faire leur choix en toute connaissance de cause. Il n’est pas question de déconseiller aux gens de consommer des aliments bio. Ces produits étant souvent plus chers à produire en raison des contraintes liées au label bio, ils sont plus coûteux pour les clients. Il est donc indispensable qu’ils soient juste informés de la façon la plus objective possible sur les bénéfices de ce qui leur est vendu. Pour la FSA, il est important que tous, nous puissions « faire des choix éclairés sur les aliments que nous mangeons ». Elle « n’est ni pro, ni anti aliments biologiques ». Elle reconnait « qu’il existe de nombreuses raisons pour que les gens choisissent de manger bio, tels le bien-être des animaux ou des préoccupations environnementales ».

Il faut espérer que la polémique qu’est susceptible de susciter cette étude n’oblige pas ses auteurs à se mettre au vert…

Étiquette d’information, couverture médiatique et mauvaise graisse : un effet temporaire

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Evolution

Étiquettes, aliments, obligations légales et santéLes lois sur l’étiquetage des aliments évoluent régulièrement. Ces dernières années, il est de bon ton de répondre aux inquiétudes des associations de consommateurs en obligeant les fabricants à mettre plus d’informations sur les étiquettes de leurs produits. Les médias s’en font l’écho à chaque nouvelle décision. Les margarines hydrogénées (graisses trans), plus ou moins faciles à tartiner à température ambiante et tolérant les hautes températures ont remplacé petit à petit le beurre, surtout dans les aliments transformés pour des raisons industrielles et économiques. De plus, la mauvaise réputation des graisses saturées, censées favoriser les maladies cardio-vasculaires, a permis à ces graisses insaturées hydrogénées de s’imposer. Malheureusement, au fur et à mesure de leur utilisation, ces graisses trans se sont révélées plus toxiques encore que les graisses saturées.

En janvier 2006, aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a décidé que les étiquettes donnant les informations nutritionnelles sur les produits alimentaires afficheraient la teneur en graisse trans par portion. Il n’y a pas eu d’action gouvernementale de sensibilisation sur les graisses trans puisqu’il était prévu que la politique entre en vigueur, mais la couverture médiatique a suffi à faire prendre conscience aux consommateurs qu’il était important de faire attention lors de l’achat de denrées alimentaires. Une étude, publiée en avril 2009 dans la revue américaine de médecine préventive (American Journal of Preventive Medicine), réalisée par des universitaires, a évalué dans quelle mesure la couverture médiatique avait influencé les ventes de produits contenant des graisses trans, entre décembre 2004 et juin 2007, soit avant et après que les nouvelles contraintes d’étiquetage entrent en vigueur.

C’est une importante chaîne d’épiceries du comté de Los Angeles qui a fourni les chiffres des ventes des produits contenant des graisses trans. Les données relatives à la couverture médiatique proviennent d’instituts spécialisés. Des tests statistiques ont été effectués pour mesurer l’effet de la couverture médiatique sur le volume hebdomadaire des ventes de ces produits sur la période étudiée tous magasins confondus.

Les effets de la couverture médiatique ont été ressentis de manière significative pour deux des sept produits contenant des graisses trans avant que les nouvelles étiquettes ne deviennent obligatoires. Six de ces sept produits ont vu leurs ventes diminuer au moment où les mentions sur les étiquettes ont changé. Cette baisse a duré une semaine avant de s’estomper au fil du temps.
L’étude conclut que faire porter de nouvelles mentions sur les étiquettes des produits alimentaires, y compris en parallèle d’une campagne d’information dans les médias, n’a qu’un effet à très court terme et ne permet pas de faire changer les habitudes d’achat durablement, au moins concernant les produits contenant des graisses trans.

Pertinence et faisabilité d’une taxe sur les « mauvais » aliments

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Evolution

Le rapport sur la pertinence et la faisabilité d’une taxation nutritionnelle a été mis à la disposition du public sur le site de la documentation française. Sous la direction de Véronique Hespel, inspectrice générale des finances, et de Marianne Berthod-Wurmser, membre de l’Inspection générale des affaires sociales, ce travail a été réalisé à la demande des ministères de la santé et de l’économie afin de savoir si une contribution assise sur les produits trop gras, trop sucrés ou trop salés pourrait avoir un intérêt.

HamburgerL’objectif fixé consistait à : « évaluer précisément les coûts pour l’assurance-maladie liés à la consommation excessive de produits trop gras, trop sucrés, trop salés ; étudier l’efficacité que pourrait avoir la mise en place d’une contribution sur ces produits, en particulier sa capacité à favoriser une modification des comportements et un meilleur équilibre alimentaire ; présenter les options sur le contour et les modalités de mise en oeuvre de cette contribution éventuelle ».

Terminé en juillet 2008, il précédait de quelques mois le rapport parlementaire de la députée Valérie Boyer rendu, quant à lui, public le 30 septembre 2008 et intitulé « Faire de la lutte contre l’épidémie d’obésité et de surpoids une grande cause nationale ». En plus de faire passer le taux de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 5,5 % à 19,6 % sur les produits dits de « snacking », ce travail propose une série de mesures, comme d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments et de favoriser l’accès des personnes défavorisées aux produits non transformés dont les fruits et légumes ou comme de garantir une information nutritionnelle de qualité et de promouvoir l’activité physique.

Pourquoi envisager de telles taxes ?

Il est évident que les économies de santé sont la priorité des pouvoirs publics. Plutôt que d’instaurer des taxes « aveugles » comme le sont la contribution sociale généralisée (CSG) ou la contribution au remboursement de la dette sociale (RDS), il paraît plus logique, dans une optique de prévention, de pénaliser la consommation d’aliments favorisant des pathologies graves, comme le cancer ou le diabète. Cela fait presque dix ans que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le World cancer research fund ont mis de tels liens en évidence. Ils ont établi, par exemple, des liens « certains » entre le diabète maternel,le poisson salé « à la chinoise, les aflatoxines et le cancer, au même titre que l’alcool ou le tabac. L’apport énergétique excessif par rapport à la dépense, l’excès d’alcool, l’excès de sel, les acides gras saturés et les acides gras trans sont impliqués dans l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires ou le cancer.

De plus, des facteurs économiques jouent un rôle important sur les déséquilibres alimentaires dans les pays développés comme la France. « La baisse du prix de la calorie grasse et sucrée, ainsi que l’accroissement de la restauration hors domicile et du grignotage contribuent au développement du surpoids ».

De la volonté au manque de courage politique…

Les rapports cités montrent qu’il existe une prise de conscience politique du problème de santé publique que représentent ces aliments. Une évolution législative dans ce domaine permettrait de réaliser plusieurs milliards d’économies en évitant à la Sécurité sociale de rembourser des soins ayant pour origine un défaut de prévention dans ce domaine. La volonté politique existe donc. Malheureusement, vouloir ne suffit pas et le courage politique, consistant à faire accepter les réformes qui s’imposent, n’est pas au rendez-vous. Plusieurs raisons sont invoquées. La valeur symbolique de la tradition culinaire française en est une. Peut-on considérer que les chips et les sodas font partie de notre terroir ? Non, mais la charcuterie et le vin… Peu importe qu’il s’agisse de produits industriels surchargés en sel ou d’une boisson d’origine mal contrôlée, consommée en excès pour oublier des problèmes sociaux, la France doit respecter sa gastronomie. Le rapport sur la pertinence et la faisabilité d’une taxation nutritionnelle insiste aussi sur le frein que représente la médiatisation de ces produits à d’éventuelles mesures pour en freiner leur consommation. « Les industries et commerces alimentaires ont un poids économique majeur ». Comment mordre la main qui vous nourrit (mal) ? Le budget publicitaire en jeu est énorme pour les médias et l’aide apportée par des « chevaliers » de ce secteur de l’industrie aux décideurs politiques fait régulièrement la une de nombreux quotidiens.

Techniquement, créer une taxe spécifique « rencontrerait de nombreuses difficultés : coûts de gestion et de contrôle très lourds pour les entreprises et les administrations, obstacles juridiques, techniques, économiques et sociaux concernant la définition et la justification de l’assiette, notamment ». Par contre, l’utilisation des outils fiscaux déjà existants est possible. Droits d’accises sur les boissons majorés ou suppresion du taux de TVA réduit pour les aliments incriminés pourraient être des solutions. Malheureusement, ces produits à bas prix font maintenant partie de l’alimentation de base des français « défavorisés » et, une nouvelle fois, le courage politique fait défaut. Mieux vaut des populations « défavorisées » obèses et heureuses, dont les dépenses de santé seront prises en charge par la société et dont le montant sera reproché aux professionnels de santé, plutôt que d’imposer des contraintes nutritionnelles difficiles à avaler dans un système où l’assistanat a pris plus de poids que la responsabilisation.