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Les étudiants en médecine se laissent aller sur Internet

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Evolution

Lendemain de fête sur InternetHaro sur les carabins ! Mais que l’on se rassure, ce sont les étudiants en médecine américains et canadiens qui sont pointés du doigt dans un article intitulé Online Posting of Unprofessional Content by Medical Students [Mise en ligne de contenu pas très professionnel par les étudiants en médecine, NDLR] paru dans le JAMA (Journal of the American Medical Association), fin septembre 2009, grâce à des informations données par l’association des écoles de médecine américaines (Association of American Medical Colleges, AAMC).

À l’heure du Web 2.0 et des réseaux sociaux en ligne, qui n’a pas entendu parler de candidats à un poste confondus par leurs recruteurs pour s’être laissé aller sur leur blog ou sur leur page de Facebook ? Si ces pratiques sont rarement reconnues par ceux qui les emploient dans notre pays, de peur d’être condamnés, elles n’en existent pas moins.
Sur le Nouveau continent, ces méthodes ne s’appliquent pas seulement aux jeunes que l’on cherche à recruter, mais aussi à ceux qui ont déjà été sélectionnés, et les étudiants en médecine l’apprennent à leurs dépens. Pas question, bien entendu, de mettre sous surveillance les quelques 75 000 étudiants appartenant aux institutions membres de l’AAMC ou d’aller visiter leurs pages personnelles une à une, mais il y a d’autres moyens. C’est une enquête par voie électronique auprès des doyens de toutes les facultés de médecine américaines et canadiennes, de leurs équivalents ou de leurs représentants pour connaître le pourcentage d’incidents répertoriés par leur administration concernant la mise en ligne par leurs étudiants de contenu pouvant être considéré comme ne faisant pas honneur à la profession, qui a été réalisée. Les résultats étaient anonymes et ont été recueillis entre mars et avril 2009. Les données obtenues portent aussi sur le type d’infraction reproché à l’étudiant, les mesures disciplinaires prises, l’existence d’un règlement ou d’un projet de règlement à ce sujet au sein de l’établissement.

60 % des établissements ont répondu à cette enquête et, parmi elles, 60 % ont reconnu avoir pu identifier ce type d’incidents. Qu’il s’agisse de l’usage de grossièretés (52 %), d’un langage franchement discriminatoire (48 %), de scènes d’ivresse (39 %) ou de contenu à caractère sexuel (38 %), les reproches sont divers. 13 % de violations du secret professionnel ont été recensées. Face à ces comportements jugés outre-Atlantique comme non-professionnels, 67 % des institutions ayant décidé d’agir se sont contentées d’un avertissement informel alors que 7 % sont allés jusqu’à prononcer des exclusions. Il faut dire que 38 % des organismes ayant répondu ont un règlement relatif à ce que peuvent ou non poster leurs étudiants sur Internet et 11 % sont en train d’en élaborer un.

En France, le vote de la loi Hadopi a montré que la surveillance d’activités privées sur Internet, y compris par des organismes eux aussi privés, allait pouvoir devenir une procédure employée à grande échelle. Dans le milieu professionnel, c’est principalement l’usage des outils informatiques professionnels ou du temps passé à des activités extra-professionnelles qui a conduit à des jurisprudences qui, si elles ont pu sanctionner des pratiques abusives, ont pris soin de respecter la vie privée de l’employé. Verra-t-on pour autant de telles procédures se mettre en place ? L’interdiction des bizutages a montré que les excès de quelques-uns peuvent aboutir au blâme du plus grand nombre. Pour certains, la féminisation des internats de médecine a sonné le glas d’une tradition paillarde ; pour d’autres, c’est le politiquement correct et une volonté d’uniformisation morale qui laissent de moins en moins de place à l’esprit carabin.

Les étudiants français, manne des facultés de médecine roumaines ?

Écrit par Bertrand Hue le . Dans la rubrique Evolution

Faire ses études de médecine en RoumanieApparemment, on peut compter sur les facultés de médecine de nos voisins Roumains pour former une partie des médecins français en cette période de démographie médicale présentée comme alarmante. Grâce à Internet, il est enfin possible de dégager quelques vérités sur ce système réputé, à raison semble-t-il, très opaque et un pan du voile peut être levé sur ces facultés d’Europe de l’Est.

Pour cela, il suffit de se pencher sur les deux facultés qui proposent aujourd’hui, en marge du cursus traditionnel, une formation médicale francophone : UMF Cluj et UMF Iasi, situées chacune à un bout du pays mais surfant sur le même créneau.
Moyennant une taxe d’un montant annuel de 5 000 €, manifestement le principal critère discriminant d’une sélection qui se veut sur dossier, les étudiants de ces filières francophones s’affranchissent du concours d’admission en première année, et en l’absence d’autre sélection, s’assurent un diplôme de médecin bien plus facilement qu’en se confrontant au cursus imposé aux étudiants roumains.
Ces classes, autrefois destinées aux étudiants de l’Afrique francophone, sont maintenant investies par des Français pour la majorité recalés au concours dans l’Hexagone.

La France prévoie des places hors numerus clausus pour les étudiants d’Arabie Saoudite par le biais d’une convention spéciale, mais ces études payées par le gouvernement saoudien ne conduisent pas à un diplôme permettant d’exercer en France. Les conditions d’accès en 2e année étant différentes pour les étudiants saoudiens, le diplôme obtenu n’offre pas les mêmes possibilités que celui décerné aux étudiants ayant suivi un cursus normal. Le concours d’internat à titre étranger, qui se veut une formation destinée aux étudiants non européens, comprend une clause stipulant, là encore, que l’interne ayant eu l’opportunité d’être ainsi formé ne pourra pas exercer en France. Est-il légitime que des médecins étrangers formés en France ne puissent pas exercer sur le territoire national du fait d’un statut spécial et que l’on accepte que des étudiants français, ayant bénéficié d’un statut spécial dans un pays étranger, fusse-t-il membre de l’Union européenne, leur permettant d’éviter tout concours, puissent exercer à leur retour sur le territoire national ?

Des doutes planent tout de même sur ce statut d’invité payant qui altère le processus de formation du médecin en sautant la phase de sélection des candidats qui existe en France comme en Roumanie pour les étudiants locaux. Le gouvernement roumain, en établissant ces règles néglige sciemment le “contrôle qualité” de praticiens qu’il sait ne pas être destinés à son territoire. Ce choix peut sembler contraires aux principes de réciprocité impliqués par l’adhésion à la Communauté européenne.

Dans ce contexte et face à de tels abus se pose naturellement la question de la limite au principe de reconnaissance mutuelle des titres et diplômes au sein de l’Europe, mais également du droit (ou du devoir) de regard des institutions françaises sur des pratiques qui, bien qu’elles aient lieu de l’autre coté d’une frontière, concernent directement les autorités de santé. La défense de la francophonie, la démographie médicale et l’appartenance des doyens des facultés de Cluj et de Iasi à la Conférence internationale des doyens des facultés de médecine d’expression française ne doivent pas faire oublier la sécurité des patients et la rigueur nécessaire à toute formation dans le domaine de la santé.

Dans un pays secoué encore récemment par d’importants scandales touchant plus spécialement le domaine de l’éducation supérieure, comme la remise en question des diplômes délivrés par l’université Spiru Haret, le cas de ces quelques Français doit sembler anecdotique, mais vu de l’Hexagone il est à craindre une mercantilisation d’un titre qui aurait dû rester le dernier à faire l’objet d’un tel négoce.

Première année d’études commune pour la filière santé en 2010 ou 2011

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Evolution

Première année commune aux études en santéNouvelle mesure démagogique ou réforme réellement nécessaire ? La proposition de loi « portant création d’une première année commune aux études de santé et facilitant la réorientation des étudiants » a été définitivement votée. Elle instaure une première année d’études commune pour les étudiants en médecine, pharmacie, dentaire et sage-femme et, sous certaines conditions, aux masseurs-kinésithérapeutes. C’est donc en 2010 ou en 2011 que de nouvelles dispositions législatives à ce sujet devraient être adoptées.

La sélection est devenue un gros mot en 2009 et oser confronter des étudiants à l’échec n’est ni socialement, ni politiquement correct. Les étudiants de cette filière n’ont pourtant jamais revendiqué une telle mesure. Ils savent qu’il s’agit d’une voie difficile avant de s’y engager, ce qui explique sans doute que la filière santé ne connaisse quasiment jamais de grèves en première année (et très rarement, comparées aux autres facultés, dans les années suivantes). Difficile de comprendre, dans ces conditions, l’urgence d’une telle réforme… Son but est-il que des étudiants qui voulaient être médecins, mais ne sont pas assez bien classés choisissent par dépit la pharmacie ou les études de sage-femme ? Certes, ils n’auront pas “perdu” deux ans, mais ils se retrouveront dans une voie qui ne les motive pas, dans le domaine du soin et du conseil en santé, c’est particulièrement regrettable…
D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir d’emblée étendu cette disposition à toute la filière santé ? Des études de médecine, en passant par celles de prothésiste dentaire, d’infirmière et d’aide soignante ! En effet, on imagine mal qu’il puisse y avoir autant de postes que de candidats à la fin de cette première année commune, il y aura donc encore des déçus et des frustrés. Élargir très nettement les possibilités d’offres à la fin de cette première année aurait peut-être permis de régler en partie la carence en infirmiers dont souffrent de nombreux établissements de santé. Certes, les infirmiers ne sont pas formés à l’université, mais il suffisait d’une mesure telle que celle prise pour les sages-femmes pour régulariser tout cela… La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, y semble favorable.

Il est également proposé de faciliter l’accès aux études de santé par l’instauration d’une passerelle d’accès en deuxième année réservée notamment aux titulaires d’un diplôme de master, aux diplômés des écoles de commerce délivrant le grade de master et aux diplômés des instituts d’études politiques, offrant ainsi une possibilité de rattrapage aux étudiants réorientés en première année. Une façon d’éviter le concours, mais qui rallongera des études déjà très longues…

Le “doublement”, plus communément appelé redoublement, ne sera plus automatique. Il est question de ne l’autoriser qu’aux seuls étudiants ayant obtenu la moyenne à l’un des concours (car, contrairement à d’autres filières, il ne suffit pas d’avoir la moyenne pour être reçu en santé). Pour le coup, il ne serait pas surprenant de voir les étudiants descendre dans la rue, même s’il est prévu que les dossiers soient examinés au cas par cas pendant une période de transition !

Un autre élément de ce texte est surprenant. Il concerne la réorientation. N’est-il pas méprisant pour la filière des sciences de prévoir que les étudiants ayant des résultats insuffisants à la fin du premier semestre de la filière santé pourront être réorientés vers celle-ci ? Sera-t-il proposé aux étudiants de la filière sciences ayant obtenu d’excellents résultats à la fin de leur premier semestre d’intégrer la filière santé ? S’il s’agit simplement d’un problème d’orientation et non d’un problème de niveau, on peut s’attendre à ce que les étudiants ayant obtenu des résultats insuffisants à la fin de leur premier semestre à l’université des sciences soient réorientés vers la filière santé.

Cette réforme répond surtout à l’impératif qu’a la France de mettre sa filière santé en adéquation avec le système licence, master, doctorat (LMD) européen. Cet aspect est loin d’être mis en avant alors qu’il est sans doute l’élément clé des changements à venir. Circuler d’une université à l’autre devrait être bien plus facile à l’avenir. Les étudiants n’ont pas attendu que les textes évoluent pour tirer avantage de la libre circulation et de la reconnaissance des diplômes.