Soyez votre propre médecin traitant !

Écrit par Bertrand Hue le . Dans la rubrique Variations

Vous êtes inscrit au tableau de l’ordre des médecins : vous pouvez être « médecin traitant ».

Peu importe votre statut, spécialiste ou non, public ou privé, médecin du travail ou scolaire, à partir du moment où vous êtes inscrit au tableau de l’ordre des médecins en France, vous pouvez être, pour les caisses d’assurance maladie, votre propre médecin traitant. A condition, bien sûr, que vous ayez décidé de choisir un médecin traitant !
Vous pouvez aussi être le médecin traitant de vos proches (famille, concubin, etc.) Sur le formulaire à retourner au centre d’assurance maladie dont l’assuré dépend, il suffit d’indiquer vos nom, prénom, adresse et numéro d’inscription à l’Ordre à la rubrique Médecin traitant.

Une solution pratique mais est-ce une bonne solution ?

Outre le fait que bon nombre de médecins néglige la prévention et même les actions curatives lorsqu’il s’agit de leur propre corps, soigner ses proches n’est pas toujours plus simple. Le lien affectif peut nuire à l’objectivité et au recul nécessaires à la prise de certaines décisions thérapeutiques. Les parents d’un praticien peuvent avoir du mal à reconnaître le médecin dans l’être cher qu’ils ont vu grandir.

Le rôle du médecin traitant est habituellement dévolu au médecin généraliste, habitué à centraliser les données et à avoir une vision d’ensemble des antécédents ou de l’histoire actuelle d’un patient. Se confier à son généraliste ou à un spécialiste, sous le couvert du secret médical, est parfois plus simple que de se confier à un proche. Qu’arrivera-t-il au sein d’un couple si l’épouse est le médecin traitant de son mari et que celui-ci souhaite qu’elle n’assume plus ce rôle ? Ceux ne sont là que quelques exemples des multiples aspects des relations médecin-patient dans une situation aussi particulière.

On peut penser que le domaine de compétence n’est pas la question fondamentale car il est difficile d’imaginer un médecin outrepassant sciemment ses connaissances au point de mettre en danger la santé de l’un de ses proches.

Mais il y a aussi les obligations « administratives »…

Devenir médecin traitant au sens où l’entend l’assurance maladie comporte un certain nombre de contraintes comme, vraisemblablement à terme, la tenue d’un dossier médical informatisé. Adresser le patient à un confrère en tant que médecin traitant sous-entend un courrier ainsi que la centralisation des résultats. Nous n’aborderons pas dans cet article le volet concernant la cotation d’actes en tant que médecin traitant de l’un de ses proches, même s’il convient de réfléchir à ce problème, pas tant lors d’une simple consultation que pour des actes diagnostiques ou thérapeutiques ayant un réel coût technique.

Le droit de prescription n’est pas un problème puisque que le médecin est inscrit au tableau de l’Ordre. Il peut prescrire sur ses propres ordonnances. A cette occasion, il est utile de rappeler que tout praticien inscrit au tableau de l’ordre des médecins (remplaçant « professionnel », médecin du travail, etc.) peut déposer un modèle d’ordonnance auprès de son conseil de l’Ordre sur lequel figurera son numéro d’inscription ainsi que les autres mentions légales requises. Il est même reconnu qu’un remplaçant thésé et inscrit au Tableau doit utiliser ses propres ordonnances plutôt que de rayer le nom du médecin titulaire sur les ordonnances de ce dernier comme c’est la coutume. Il n’en est bien entendu pas de même concernant les feuilles de soins de l’assurance maladie.

Rien ne s’oppose donc à ce que vous soyez le médecin traitant de vos proches mais la facilité apparente ne doit pas faire oublier les inconvénients ou les contraintes que cette situation ne manquera pas de générer.

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Commentaires (4)

  • Marie Genoulhac

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    Quand est-il de la prescription des arrets de travail si l’on s’est déclaré medecin traitant ?Peux t on s’auto octroyer cet arret ?? Et dans l’affirmative quand est-il si notre exercice ne nous permet pas d’avoir des formulaires adequats (medecin du travail, salarié…)

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  • Marie-aude

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    je fais mon mémoire de Médecine générale sur le thème du médecin qui soigne son propre enfant.
    Un de mes enfants de 9 mois a développé un érythème polymorphe après la prise d’antibiotique. J’ai cru au départ à une éruption allergique d’origine alimentaire je l’ai traité dans ce sens. Devant l’inefficacité du traitement, j’ai demandé un avis à un chef de pédiatrie qui m’a dit en tapant sur mon épaule : »il va trés bien ton petit ». Le lendemain son état s’est dégradé avec fièvre et oedème, et je me suis retrouvée envahie d’émotions incapable de réfléchir. il a été hospitalisé en urgence.
    tout est rentré dans l’ordre aprés trois jours d’antipyrétique. Bilan infectieux neg.
    Merci pour vos témoignages.

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    • fouloulb2k

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      Bonjour Marie-aude.
      Je suis interne de médecine générale et je pense faire ma thèse sur « soigner ses propres enfants ».
      Pourrais je te contacter pour te poser quelques questions vu que tu a déjà travaillé sur le sujet?

      Merci d’avance

      floriancaillierez@gmail.com

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  • patjer

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    Bonjour

    je recherchais une réponse à cette question des arrêts de travail.
    En effet suite par exemple à une intervention le chirurgien vous fait un arrêt de travail initial.
    La prolongation ne peut être faite que par le médecin qui a fait l’arrêt initial ou le médecin traitant.
    Bien souvent le médecin du CHU n’ a pas le temps de vous recevoir pour cela.
    Que se passe-t-il donc si vous êtes votre propre médecin traitant mais que salarié vous n’avez pas la possibilité de vous en autoprescrire un : pas d’imprimé pré-identifié, pb éthique vis à vis de l’employeur.
    Cette situation est elle reconnue comme une exception permettant de se le faire prescrire par un autre généraliste libéral

    Merci

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