Augmentation de l’exposition des patients à l’irradiation d’origine médicale

Écrit par Marie-Thérèse Giorgio le . Dans la rubrique Variations

L’exposition des patients aux rayonnements ionisants liés au diagnostic médical fait actuellement débat puisque le dernier rapport publié sur le sujet met en évidence une augmentation très significative de la dose d’irradiation moyenne reçue annuellement par chaque individu.

Tout le monde subit une exposition naturelle aux rayonnements ionisants. À celle-ci s’ajoute une exposition professionnelle pour certains travailleurs, mais la principale source d’exposition est représentée par les applications médicales puisque de nombreuses pratiques les utilisent : radiologie conventionnelle, scanographie, médecine nucléaire, radiologie interventionnelle, etc. Cette exposition médicale doit être régulièrement estimée, comme l’exige l’article 12 de la directive européenne 97/43/euratom. En France, cette mission est confiée à l’Institut national de veille sanitaire (INVS) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui ont rendu en mars 2010 le rapport Expri, basé sur les données de 2007. Le rapport précédent avait été produit en 2005 à partir des données de 2002.

Exposition de la population aux rayonnements ionisants, Expri

Pour élaborer ce rapport, les données ont été recueillies grâce à la classification commune des actes médicaux (CCAM) pour le secteur libéral et grâce à des enquêtes réalisées en services de médecine nucléaire pour le secteur public. Au moyen de la CCAM, 376 types d’actes diagnostics ont été retenus.Radiographie d'une cheville cassée
Une dose efficace, appelée E, a été associée à chacun de ces types d’acte en utilisant, d’une part, les recommandations de la société française des radiologues et de la société de médecine nucléaire pour les paramètres techniques recommandés et, d’autre part, les niveaux de référence diagnostiques. En effet, pour évaluer la dose d’irradiation moyenne reçue par personne et par an, l’indicateur dosimétrique utilisé est la dose efficace E qui permet d’évaluer un risque global au niveau de l’organisme entier, que celui-ci soit ou non exposé en totalité. Elle s’exprime en millisievert, mSv. La dose efficace est un indicateur du risque d’induire potentiellement des cancers et des effets héréditaires, qui permet de comparer les risques radiologiques. La dose varie pour les actes conventionnels de radiologie courante, de quelques dixièmes de mSv à quelques mSv, pour un scanner de quelques mSv à 20 ou 30 mSv et en médecine nucléaire, de quelques dixièmes de mSv pour certains actes à 20 ou 30 mSv pour certaines scintigraphies.

L’utilisation de diverses sources de données a permis d’évaluer le nombre d’actes qui exposent les patients aux rayonnements ionisants. En 2007, le nombre d’actes de radiologie ou médecine nucléaire réalisés a été estimé à plus de 74,6 millions, soit une moyenne de 1,2 acte par personne et par an, ce qui représente une dose efficace moyenne individuelle de 1,3 mSv, c’est-à-dire une dose de 1,3 mSv par personne et par an.
La dose efficace individuelle moyenne qui était de 0,83 mSv en 2002 est de 1,3 mSv en 2007, ce qui représente une augmentation de 57 %, tandis que le nombre d’actes réalisés n’a augmenté que de 20 % dans le même laps de temps.
Les scanners étant beaucoup plus irradiants que la radiographie conventionnelle, l’augmentation de la dose efficace résulte de l’accroissement du nombre d’actes de médecine nucléaire et de scanographie, notamment des TEPscan, mais également du fait que la majorité des scanners expose des organes radiosensibles (thorax, abdomen, pelvis) qui ont un poids important dans la dose efficace.

La France rayonne chaque jour un peu plus

La France avec 119 scanners pour 1 000 habitants est un des pays européens qui réalise le plus d’examens de scanographie, même si elle demeure très loin des États-Unis (223 scanners pour 1 000 habitants). Le rapport Expri révèle que le nombre d’actes et la dose efficace individuelle moyenne augmentent avec l’âge, les personnes irradiées à une moyenne de 1,3 mSv par an sont en majorité des personnes de plus de 50 ans et souffrant de pathologies graves.
La radiologie conventionnelle a représenté 63 % des actes, soit 26,1 % de la dose efficace collective ; la scanographie 10,1 % des actes, soit 58 % de la dose efficace collective ; tandis que la médecine nucléaire représente 1,6 % des actes, mais 10,2 % de la dose efficace collective. Si 80 % des actes concernent le thorax, les membres, le pelvis et l’abdomen, 80 % de la dose est délivrée à l’abdomen, au pelvis et au tractus digestif.Attention aux radiationsDepuis l’arrêté du 22 septembre 2006 relatif aux informations dosimétriques devant figurer dans un compte rendu d’acte utilisant les rayonnements ionisants, le compte-rendu d’examen radiologique doit mentionner la dose reçue par le patient. Les médecins disposent ainsi du suivi précis de l’information dosimétrique du patient puisque ces éléments figurent dans le dossier médical personnel.

En pratique, les installations récentes de radiologie conventionnelle intègrent une chambre d’ionisation qui permet de vérifier la dose de rayonnements ionisants reçue par le patient, tandis que les scanners disposant d’une norme internationale pour exprimer cette dose, les indicateurs de dose sont nécessairement affichés sur la console du scanner. Si la dose délivrée dépend bien du type de scanner, elle est également fonction de différents paramètres dont certains sont modifiables.

Pour aider les médecins qui utilisent les rayonnements ionisants à des fins diagnostiques à optimiser leurs pratiques afin de limiter l’exposition des patients, la société française de radiologie (SFR) élabore des guides de bon usage de procédures d’imagerie, tandis que l’IRSN propose un site internet consacré aux niveaux de référence diagnostiques en radiologie et médecine nucléaire.
Les fabricants d’appareillages d’imagerie peuvent également contribuer à optimiser la dose efficace.

Même si les radiologues et manipulateurs doivent toujours faire en sorte que l’exposition soit la plus faible possible, compte tenu de l’augmentation de l’exposition de la population aux rayonnements ionisants liée aux actes médicaux, il devient nécessaire de sensibiliser les patients aux bénéfices et risques inhérents aux rayonnements liés aux actes de diagnostic médical, mais également de favoriser la prise de conscience des professionnels de santé.

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Commentaires (1)

  • Damien

    |

    Elle s’exprime en millisievert, mSv. La dose efficace est un indicateur du risque d’induire potentiellement des cancers et des effets héréditaires, qui permet de comparer les risques radiologiques.

    Répondre


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