Dépassements d’honoraires : un patient condamné pour complicité de diffamation

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Presse

Diffamation des chirurgiens et dépassements d'honorairesIl y a des informations qui ne font pas les gros titres dans les quotidiens grand public, là où quelques mois plus tôt, elles barraient la une. Tel est le cas de la condamnation d’un patient pour complicité de diffamation qui en 2007 avait accusé publiquement un chirurgien de Chalon-sur-Saône de tentative d’extorsion de fonds pour lui avoir demandé 5 000 euros en liquide pour ce qu’il estimait être un dépassement d’honoraires abusif. La presse s’était rapidement emparée de l’affaire, parlant de “dessous de table”, et avait cloué au pilori ce praticien sans vraiment tenir compte de ses explications. Les micros et les caméras ayant subitement investi cette paisible ville de province, la tribune était trop belle pour qu’elle ne soit pas très vite occupée. Le député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, se fait l’avocat de ce patient, prend à son compte cette affaire et condamne avec virulence les pratiques du médecin. L’occasion est trop belle de mener une croisade médiatique contre les dépassements d’honoraires dans leur ensemble. Pour ne pas rester en reste, le ministre de la santé de l’époque y va de son appréciation et, confondant dessous de table et dépassements d’honoraires, déclare « Les médecins qui commettraient des abus peuvent se voir retirer l’autorisation d’activité libérale ». Que penser de ces prises de position deux ans plus tard ?

Le patient n’a jamais porté plainte, le chirurgien, lui, l’a fait. Sûr de son bon droit, ayant simplement expliqué au patient que l’intervention qu’il souhaitait n’était pas prise en charge par la Sécurité sociale et que la prothèse à utiliser valait 5 000 euros, le médecin à porté plainte contre les journalistes, les patrons de presse, le patient et Arnaud Montebourg pour diffamation une fois la tempête médiatique calmée. Sa réputation entachée et la suspicion planant sur tous les chirurgiens de sa région, il ne pouvait faire autrement. Bien lui en a pris puisque plusieurs médias et le patient viennent d’être condamnés pour diffamation et complicité de diffamation, comme l’explique Le Quotidien de médecin du 16 avril 2009, dans un article intitulé « Quand les dépassements d’honoraires font la une. À Chalon-sur-Saône, l’arroseur arrosé », repris sur le site de l’Union des chirurgiens de France (UCDF). Le patient devra verser 5 000 euros de dommages et intérêts au chirurgien. Il n’est pas prévu que des caméras et des micros soient présents à cette occasion…

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Commentaires (2)

  • Xavier GOUYOU BEAUCHAMPS

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    On trouveras sur le site de l’Union des Chirurgiens de France tous les documents sur cette affaire en date du 09 avril 2009 sous le titre : »Justice est rendue dans l’affaire de Chalon sur Saône »
    http://www.ucdf.net/index.php?mod=3&do=view&id=895
    Ces documents ont servi de base à l’article du quotidien du médecin.

    Xavier GOUYOU BEAUCHAMPS
    sec gén de l’UCDF

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  • Jacques Lemoine

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    Grâce à l’Union des Chirurgiens de France dont je fais partie les chirurgiens osent maintenant se défendre , même contre les patients. La démagogie a assez duré et notre trop grande tendance à culpabiliser aussi. Nous sommes des humains ordinaires et nous avons droit au respect . Nous pouvons être fiers de ce que nous sommes et de ce que nous faisons.
    Etre empathique avec la souffrance de nos patients signifie que nous sommes à leur écoute, que nous puissions encaisser leurs récriminations, leurs déceptions, leurs reproches en privé.
    Etre mis au pilori est une autre affaire, qui nous impose une attitude de défense et donc un comportement plus agressif sur la scène publique.
    Cette affaire illustre à mon sens tout à fait bien cette dualité qui doit être la notre.

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