Indemnisation d’une erreur opératoire et testicules

Écrit par Droit-medical.com le . Dans la rubrique Presse

Il est facile de comprendre quel est l’intérêt d’utiliser une check-list avant une intervention chirurgicale, procédure rendue exigible depuis janvier 2010 pour la certification des établissements de soins par la Haute Autorité de santé (HAS), lorsque l’on sait ce qui est arrivé encore récemment à un jeune Italien.

Intervention chirurgicale en cours

Triste histoire que celle de ce jeune habitant de Vérone, ville célèbre pour ses amants et son romantisme, qui lui a valu une castration alors qu’il désirait avoir des enfants. En 2004, alors qu’il n’est âgé que de 27 ans, se voit diagnostiquer un cancer du testicule gauche. Face à cette tumeur encore bien localisée, la solution thérapeutique proposée au jeune homme est de lui retirer ce testicule malade afin de le guérir. Jeune marié plein de projets et rêvant de fonder une famille, il accepte l’intervention, conscient que son avenir et sa vie sont en jeu. C’est en toute confiance qu’il part au bloc opératoire, ne sachant pas que son destin va bientôt basculer.
Sûr de lui et habitué à pratiquer ce type d’intervention, c’est avec la même confiance que l’urologue se rend en salle d’opération. Le patient dort et la chirurgie peut commencer. Sans hésiter, le médecin retire le testicule. Tout se passe bien jusqu’à ce que l’un des membres de l’équipe ouvre le dossier et constate avec stupeur que ce n’est pas le testicule atteint par la tumeur qui vient d’être envoyé en anatomopathologie pour analyse, mais le testicule sain. C’est le testicule droit qui vient d’être enlevé et non le gauche… Pour le chirurgien, impossible d’en rester là : il est indispensable de retirer le testicule où la tumeur est située. Le patient est toujours sous anesthésie générale et l’ablation est réalisée. Le patient est reconduit dans sa chambre castré, sans plus d’espoir de donner ses gênes à un enfant.

Pour sa défense, l’urologue a argué d’une matinée opératoire chargée et stressante. Il opérait depuis déjà plus de cinq heures quand l’erreur est survenue. Difficile d’accepter de tels arguments lorsque l’on est la victime, surtout dans les conditions d’une chirurgie qui ne relève pas d’une urgence, mais qui est programmée. Le jeune Italien a donc réclamé plus d’un million d’euros au chirurgien pour avoir ainsi perdu les attributs de sa virilité. Les juges de la plaine du Pô n’ont fini par lui en accorder que 181 000, une somme qui peut paraître bien modeste dans un pays réputé pour sa fierté masculine.

Six mois après la mise en place des check-lists pour la certification des établissements de santé, il est étonnant de voir que des régions entières semblent encore ignorer cette procédure si l’on en croit la cartographie mise en place par la HAS. Si Rome ne s’est pas faite en un jour, l’histoire de Vérone donne à réfléchir…

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